Quand la soirée tourne a la chatastrophe [Feat Zakaria]

Qu’est-ce qu’il ne faut pas faire pour assurer ses fins de mois, lorsqu’on est étudiant…

De tous ses amis, Zakarias n’était pas le plus à plaindre. À force de virer à droite à gauche, et surtout de beuveries nocturnes, chacun commençait à être sur la paille. Ils avaient pourtant pour projet de s’offrir une virée à Londres cet été, mais pour se faire, ils avaient besoin de se refaire. Ils ont donc chacun arpenté les offres d’emplois, les jobs destinés aux étudiants et l’une de ces annonces avait été boudée par ses camarades. En effet elle paraissait banale aux premiers abords, mais une fois arrivés à la lecture des petites lignes, ils ont été effarés et ont de suite refusé.

SAUF !
Zakarias.

Fidèle à lui-même, il l’avait pris comme un défi et avait appelé le numéro pour postuler. Son entrain et sa bonne volonté, peut-être son charme aussi à en croire les autres serveurs et serveuses déjà embauché, lui a permis de décrocher cette mission. « C’est super sympa de m’aider. J’ai pas du tout l’habitude de porter ce genre de truc. Encore moins ça, ha ha ! » dit-il en enfilant cette paire d’oreille de chat alors que Hanabira, l’une des serveuses, était en train de lui nouer la ceinture de son kimono. Elle ne semble pas très bien parler l’anglais, mais le rire du jeune homme est communicatif et contagieux. Il la fait rire à son tour, alors qu’elle ne semble pas gêner d’habiller un homme, comme si elle avait l’habitude avec tous les bleus qu’elle voit par mois.

S’il fallait le décrire, Zakarias était présentement à la fois flamboyant et félin. Il a bien ses oreilles de chat sur sa tête, mais leur couleur noire se fond plutôt bien avec sa tignasse ébène. Si bien que ce n’est pas la première chose que l’on pouvait remarquer de sa tenue, mais son kimono rouge vif, dont les motifs fleurissaient le bas de sa veste d’une couleur jaune orangé. Pour le coup, sa queue de chat était plus remarquable que les oreilles, car elle était noire sur rouge. « Ça va aller ? » lui demande-t-elle, un peu inquiète tout de même. S’il n’a réellement pas l’habitude, il risque de tomber avec ces geta. Quoi que, le patron a été sympa. Il la surtout chargé de prendre soin des chats pour ce soir. En plus de lui autoriser ces lunettes de soleil ronde, tout aussi rouge que ses habits sur son nez.

Un peu comme un Papa-chat. Ou un grand-frère-chat. « Mais oui ! J’ai survécu à bien pire. Eh puis, j’adore les chats ! Juste … Il faut que je leur montre ça. Ça va bien les faire rire. Viens ! » Sans demander réellement la permission, Zakarias avait attrapé un des félins dans ses bras pour soutenir ses propos et il prend un selfie avec Hababira, puis l’envoie à son groupe d’ami. Les commentaires ne tardent pas à fuser.

T’as honte de rien. J’préfère quand c’est des filles, les neko.
Sympa le kimono, t’as fait suffisamment tièpe pour qu’on te le prête ?
Elle est mignonne à côté, tu me la laisses ?
Tu finies à quelle heure ?
Oublies Londres, t’es prêt pour aller au Japon finalement.
On dirait un neko weirdos…
Un neko sous acide, welp.

Zakarias riait, souriait et il ne prenait pas offense de ces quelques piques. Il comprenait que derrière, il y avait de réelles compliments. Toujours avec son chat dans les bras (ce qui est compliqué pour tenir un téléphone), l’arrivé d’un jeune (?) homme avait subitement agité tous les félins. C’est lui ou, il a entendu ce mec grogné ?

Autant aller lui poser la question directement.
« Bonsoir ! Les chats vous importunent. Vous êtes le premier sur lequel je les entends feuler. Sacré feeling, ha ha ! Promis, moi j’feule pas. J’miaule pas non plus et j’sais pas ronronner. Sauf après 23h et quelques verres dans le nez. Enfin bref ! Je parle, je parle, mais vous avez trouvé une place ? J’peux vous en suggérer une si vous voulez. Le plus loin des chats, mais à cette allure, vous devriez réussir à les tenir à distance de vous-même. »  Bon en train, de tous les chats, Zakarias est le seul qui ne semble pas avoir pris en grippe cet homme. Il rayonne de bonne humeur et ne semble pas du tout prendre sa situation au sérieux. Ça lui parait difficile en tout cas.

Lorsque le grognement puissant avait été poussé, le chat n’avait pas pris la peine de faire attention à la peau du jeune homme. Celui-ci, en se recroquevillant, avait planté ses griffes dans sa peau, ce qui n’avait pas manqué de faire grimacer Zakarias. Il les adore, mais … « Doucement matou… ». Un son étrange s’était extirpé de sa gorge. Une bouillie sonore entre un juron étouffé, un râle de douleur et un rire forcé. Sentant que ce dernier allait continuer à malmener ses bras, tant que ceux-ci servent de refuge au chat effrayé par cet homme, Zakarias l’avait relâché.
Il n’avait jamais vu un chat détalé aussi vite. Une vraie fusée. Il était passé de son point à l’autre bout de la salle de réception (qui est assez grande pour accueillir plus de deux cents personnes) en un battement de paupière. « Ha ha ! J’comprend. Je serais bien resté aussi dans mon lit, mais bon. J’serais bien payé et c’est juste pour ce soir. J’ai fait bien pire que de me déguiser en chat et si je veux aller à Londres cet été, voir passer une semaine chez-moi... » Il hausse les épaules et ne se concentre pas vraiment sur ses pieds.

« Ça marche ! Suivez-moi. Ils sont intéressés par le buffet. Donc si vous vous en éloignez, il y a moins de chance que vous en ayez autour de vous. J’ai bien vu que c’était comme : chien et chat, entre vous ! Me grognez pas dessus, j’suis neutre. En plus, j’préfère les chiens en vrai. »
Jusqu’à maintenant, le chemin vers la nouvelle table de monsieur se passe bien. C’est un peu bancal parfois, mais il se rattrape et quelque part, ça lui rappelle la fois où il a marché en talon haut lors d’un pari. Il ne s’était pas tordu les chevilles avec ces échasses féminines, il n’y a pas de raisons qu’il se les torde avec des tongs japonaises.

La table en question est : loin de tout. Loin du buffet, loin des chats, loin du bruit, loin du comptoir ; loin de tout ce qui peut exister. Cela dit, à être éloigné de tout ainsi, il sera aussi facile d’oublier sa présence et donc, de le servir. C’est un détail que c’est bien abstenu de préciser Zakarias, qui de son côté était plutôt content d’avoir trouvé une place où le grogneur et les chats n’auront pas à se côtoyer.
« Ça devrait aller ici ! Au moins, ils ne vous embêteront pas et moi derrière, on ne m’embêtera pas parce que les chats se font malmenés. Qu’est-ce que vous voul- ! » *BLAM*

Le destin a choisi ; la chute est arrivée un poil plus tôt que prévue.
Sans doute le pied de la chaise vide derrière. Un mauvais calcul de l’espace. Une bêtise dans ce genre.

Une chose est sûre en revanche, c’est que Zakarias étant une personne extrêmement fière : il souffre. Plus pour son ego que physiquement. Il a l’habitude de prendre des coups, alors ses genoux n’ont pas peur d’une petite chute de temps-en-temps. Ce n’est pas le cas pour sa dignité, car il n’est pas suffisamment enivré pour ne plus s’en préoccuper. Malgré tout, l’apprenti s’efforce de garder la face. Il se relève en prenant appui sur cette fichue chaise responsable de tout et il rigole. Douloureusement, mais il rit. « Ok, ça demande plus d’équilibre qu’une paire de talon haut. J’me suis fait avoir, haha ! » Dans son rire, on pouvait entendre de la nervosité. Le sous-titre ressemble plutôt à un “je suis au bout de ma vie” qu’à un “meilleur boulot de ma vie !”.

« Sinon, j’ai deux questions pour vous : qu’est-ce que vous voulez, donc ? Et ; c’est quoi ce que vous avez, sur les joues ? Des tatouages ? C’est bien stylé en tout cas. »

Une nouvelle fois, son rire ne manque pas de franchir le seuil de ses lèvres mais cette fois-ci, il était un peu plus gêné. « Bouarf, il faut savoir saisir les occasions qui se présentent. Ce n’est pas comme si j’avais signé pour faire ça tous les soirs non plus. » Heureusement. Ses pieds ne l’auraient pas supporté autrement. « Vous êtes allés à Londres ? C’est comment ? Est-ce que c’est vrai qu’il y a une grande roue et beaucoup de magasins bizarres ? » Oh non, Zakarias n’allait pas louper l’occasion d’en apprendre plus sur cette ville. Surtout si l’un des clients affirmé y être déjà allé. Est-ce que c’était une bonne chose de tenter d’extorquer des informations ?

Oui et non.
Il allait mieux pouvoir se préparer, mais il s’exposait aussi à l’ennui et la déception.

« Hm … Je ne sais pas. J’évite ce genre de débat en général. C’est comme la question “thé ou café”. C’est sous-estimé la puissance de la discorde qu’elles peuvent semer. Mes parents avaient un chien, donc mon avis est un peu biaisé aussi, vu que j’ai grandi avec. » Il hausse les épaules et repense brièvement à cette chienne Samoyène. Övid lui manque, surtout sa présence, mais pas assez pour reprendre un autre chien ou quelconque animal avec lui. D’autant que c’est sa façon à lui de démontrer qu’elle est irremplaçable dans son cœur. Ce qui l’a toujours chiffonné en revanche, c’est qu’elle soit morte peu de temps après sa mère. La rancœur tenace envers son père le pousserait presque à l’accuser, mais sa raison lui murmure plutôt qu’elle s’est laissée mourir de chagrin au départ de sa maîtresse.

En tout cas, à force de réfléchir et de penser, Zakarias s’était vautré et même s’il avait mal, sa dignité l’a dépêché de se remettre sur ses deux jambes. « C’est plutôt mon ego qui souffre, actuellement… » étouffe-t-il dans un murmure mélangé à un râle, avant de reprendre bien plus franchement : « Non-non ! Tout va bien ! Il en faut plus pour me mettre à genoux définitivement. »

Un rire passe à nouveau le seuil de ses lèvres, motivé par ce sentiment réconfortant qu’on est prêté attention à lui. Une véritable drogue pour ce garçon en manque d’attention et d’affection.

« Oh… » Sa stupeur calme s’échappe de sa bouche. Zakarias se rend compte que ; ce n’est peut-être pas que de simples tatouages. Surtout le commentaire. Il n’aide en rien à mettre ça sur le dos d’une originalité ou une fantaisie stylistique. « Ne vous en faites pas. Même si je ne suis pas censé les voir, ça reste très stylé. Plus que d’autres trucs que j’ai vu jusqu’à maintenant. On en perd l’appétit, parfois. »  Moins excité, il n’en restait pas moins bienveillant malgré cette soudaine réalisation. Son sourire était plus fin, son regard plus dissipé, mais son expression étrangement plus sincère. « Je vais passer le mot, alors et aller nourrir les chats. Par contre, euh … Vraiment, je n’prend pas le risque de vous servir. Sans plateau, je fais des miracles. Alors imaginez avec. »

Sa chute avait bien amoché son ego, en effet. D’un sens, ça partait aussi d’une bonne intention. Il ne voulait pas gâcher la soirée de cet homme, plus que les chats ne la gâchaient déjà. En plus, ce ne serait pas très bon pour les affaires du patron, de risquer qu’un client fidèle s’en aille définitivement.

Zakarias écoutait avec un intérêt certain ce que lui racontait ce client. Son imagination n’avait pas trainé à mettre des formes et des couleurs sur ce qu’il décrivait et il ne peut se retenir de rire à nouveau : « Le coût de la vie là-bas, c’est ce qui m’a poussé à prendre ce job ouai. Ce n’est pas un cas à part pour ce qui est de la nourriture. Ni même un mythe que les Anglais soient de piètre cuisinier, du coup. J’ai tout intérêt de faire des rations de survie, alors ! » La nourriture chez ce garçon, c’est sacré que diable ! On ne s’entretient pas physiquement en mangeant que des laitues. Surtout que c’est un grand sportif, ce qui se voit physiquement, alors il lui faut des vitamines, des protéines, des glucides, des lipides, bref ! De quoi alimenter la machine.

La conversation se fait. Elle passe par divers sujets et Zakarias ne manque pas d’y mettre son commentaire ou une nouvelle question.

Néanmoins il sent le regard du patron, à son poste au wok, regardait le jeune homme avec une certaine insistance. Il n’en faut pas beaucoup plus pour comprendre qu’il avait tout intérêt à se remettre au travail, s’il veut être payé. Monsieur Yachiro ne paye pas les étudiants à ne rien faire, aussi précaire soit leur situation.

D’où cette prise de congé malhabile. Zakarias n’était pas très motivé à partir. Il aimait bien ce drôle d’individu. Il le trouvait intéressant et intriguant, avec ses drôles de marque sur son visage. L’apprenti-exorciste n’était pas stupide. Il avait compris (Dieu merci) qu’il avait à faire une créature surnaturelle. De là à trancher entre un démon et un demi-démon, cela demandait d’approfondir la discussion à ce sujet, mais le lieu ne s’y prêtait pas vraiment. Il s’était fait suffisamment remarquer avec sa chute. Inutile de passer pour un fou, à interroger un homme parfaitement lambda aux yeux du commun des mortels sur les démons, les entités maléfiques et autres fabulations.

« Je vous fais vraiment oublier la présence des chats ? Malgré mon accoutrement ? » Faut-il le rappeler, Zakarias est présentement plus proche du “Neko” que de l’humain, avec le déguisement imposé. Pas d’amalgame, il le prend bien. Ça le soulage même, que ça ne soit pas ce qu’il l’ait frappé en premier. « Bah … Merci, j’suppose ? Si vous voulez ! Après je compte sur vous pour me défendre, si jamais le patron me tombe dessus et me reproche de tirer au flanc, ha ha ! Mais c’est d’accord, si vous n’avez pas peur que votre assiette finisse par terre ou sur vous, j’veux bien vous servir. » C’était un enchainement assez troublant en quelques secondes. Zakarias se sentait flatter et peut-être est-ce l’attention d’un aussi joli minois raffiné, mais il sent même ses joues s’empourpraient. Il ne sait pas comment gérer le compliment. Ce n’est pas le premier qu’il reçoit, mais ça lui fait toujours cet effet où il a la sensation de devoir rattrapé au vol une patate chaude et d’être totalement potiche.

Si bien qu’aller chercher l’assiette de monsieur, c’est une bonne excuse pour fuir. Ce n’est pas glorieux, mais ce n’est qu’un repli stratégique. Le temps de reprendre contenance, d’aller affronter les piques à peine subtile du patron, d’aller nourrir les chats en attendant que la fameuse assiette soit prête, puis de revenir avec le bœuf de kobe dressé avec beaucoup d’attention et de précision.
Sur le chemin, il avait croisé Hanabira qui ; était à nouveau en train de réarranger sa tenue. Elle marmonnait des choses qu’il ne parvenait pas à comprendre. Il ne parle pas le japonais, après tout. Il saisissait en revanche, à l’aide de la brutalité de ses gestes et de son aura agacé, qu’elle n’était pas ravie. Elle ronchonnait plus qu’elle n’était énervée, mais pour une raison totalement incompréhensible. « Ce n’est rien, c’est qu’une chute. Ce n’est pas comme s’il y avait mort d’homme. » - « Ce n’est pas ça… Laisses tomber. » Elle était repartie sans plus d’explication et avait disparu derrière la porte de service, dont elle n’était pas ressortie.

Elle avait laissé Zakarias dans l’incompréhension et celui-ci était loin de se douter qu’en faites, il venait de prendre un vent de jalousie en pleine face. Il était plus concentré sur ses pas que tout à l’heure et donc, aucun incident à déplorer. Il pose l’assiette devant l’homme à la longue chevelure d’argent, puis reprend : « Au faite ! Je ne vous ai même demandé votre nom. Moi c’est Zakarias, et vous ? »

Si Zakarias aurait le soutien de cet homme, au cas où son patron lui tomberait sur le coin du museau, il n’avait donc pas à s’en faire et rien ne le retenait à accepter la demande. Il avait cependant sous-estimé la faculté auditive de ce même homme, puisqu’il semblerait que sa conversation (à sens unique, étant donné qu’il n’a rien compris à ce qu’elle a baragouiné) avait été entendu. « Oh euh … Pff, j’dirais pas disputé. Enfin dans une dispute, y’a les deux parties qui se défendent techniquement. Sauf que moi, j’parle pas le japonais donc j’ai rien saisi à ce qu’elle m’a dit. J’pensais qu’elle était fâchée, parce que j’ai importuné les autres clients avec ma gamelle, mais visiblement c’était pas ça. » S’il faut le préciser : il est encore en train de chercher ce qu’il a fait ou ce qu’il aurait pu faire pour la contrarier à ce point.

L’assiette est arrivée à bonne table et sans dégât. Cependant notre neko du jour ne semblait pas enclin à s’asseoir. C’est une idée qui ne lui avait même pas traversé l’esprit, puisqu’il était de service.

À présent qu’il avait un nom à mettre sur ce visage bienveillant, Zakarias avait un regain de bonne humeur. Sans doute parce que non seulement content de se sentir protéger contre le courroux hiérarchique, il venait de l’inviter à s’asseoir. « D’accord, mais vous savez ; Il y a de fortes chances que je ne me relève plus ensuite. Surtout si vous me proposez à manger. Celle-ci, je vais refuser. Je ne vais pas abuser non plus et c’est votre assiette. C’est comme une brosse-à-dent, ça ne se prête pas. » Il se met à glousser, puis reprend pour le rassurer : « Ne vous en faites pas, j’ai déjà mangé avant de prendre mon service donc je suis rassasié. C’était très bon d’ailleurs. Des fruits de mer, du côté du port. Le gérant est très sympathique, bien qu’un peu bizarre lui-aussi, mais je n’ai pas osé lui dire. On ne sait jamais. Je ne voudrais pas qu’il pense que je critique son style ou je-ne-sais-quoi. Si vous aimez bien le calme et les petits restaurants un peu moins “chic” et plus “traditionnel”, je vous le conseille ! Il n’y a pas de bœuf de Kobe, par contre. »

La publicité pour Levyn était bonne ; jusqu’à ce qu’il mentionne le fait qu’on ne trouvait pas de bœuf. Un peu plus et il avouait qu’on ne trouvait pas de viandes du tout, dans cette bicoque en bord de mer. Vu l’attrait pour la viande de son vis-à-vis, ça ne risquait pas d’être attrayant pour lui. Il suffisait de voir le bond qu’il avait retenu et les canines affichées précédemment pour comprendre que c’était un carnivore et non un végétarien.
Zakarias parvient à retenir sa langue et n’avoue pas n’avoir jamais mangé de bœuf de Kobe. Pour une simple et bonne raison : c’est rare et excessivement cher pour sa bourse étudiante ! Il a une sueur froide en imaginant que le démon, ou semi-démon, était en train de se mettre sous la canine l’équivalent de ses aides étudiantes pour un mois.

De quoi lui couper davantage l’appétit.

« Vous avez dit avoir vu Londres, mais vous avez vu d’autres pays ? Vous êtes d’ici d’ailleurs ou vous êtes juste de passage en ville ? Mon père m’y a catapulté de force. Au début, j’aimais pas du tout et je n’étais pas à l’aise, mais plus ça va et plus je m’y sens bien. Ils ont l’esprit de la fête dans le coin, ça me rappelle un peu mon chez-moi. Il y a la mer aussi et ça, ça aide ! » Curieux, Zakarias reprend la conversation là où elle s’était arrêtée et remet même le sujet du voyage sur la table. Il ne touche à rien sur ladite table. Pas même à la carafe d’eau ou aux couverts. En faites, il espère que le dossier de la chaise soit suffisamment grand pour cacher sa silhouette. Ce qui est le cas, mais un détail gâche son “camouflage” ; encore et toujours ce déguisement. Sa queue et ses oreilles de chat dépassent de part et d’autre de la forme de la chaise, attirant l’œil du patron.

Cha doit être un chacré gros chat, pour prendre autant de place sur la chaise.